25 mai 2009

Les Français frustrés de ne pas comprendre les principes de l’économie …

J’ai retrouvé aujourd’hui dans mes archives le résultat d’un sondage relatif à la perception que les Français ont de l’économie. TNS Sofres conduisait effectivement fin Novembre 2008 une analyse pour le Conseil de la diffusion de la culture économique (Codice) qui démontrait que près de 65% d’entre nous se considèrent comme étant mal informés sur les changements concernant la vie économique en France. Nombreux sont ceux pourtant qui considèrent que mieux vivre dans le monde d’aujourd’hui passe par une bonne compréhension des mécanismes économiques. La vulgarisation économique et financière est d’autant plus vitale que près de 75% de nos concitoyens jugent que l’information économique n’est « ni accessible, ni compréhensible ». Ennuyeux … D’autant plus ennuyeux que les ouvrages destinés à remédier à ce problème se sont multipliés ces dernières années : « l’économie expliquée à ma fille … ; l’économie pour les nuls ; comprendre l’économie ; etc.). Mais sont-ils achetés ? Sont-ils lus ? Par manque de compréhension et d’explications, les interventions de l’Etat dans l’assainissement de la finance nationale ne sont pas toujours comprises. Beaucoup s’inquiètent de voir ces milliards engloutis — à fonds perdus pensent-ils — dans un système financier qu’ils croient corrompus puisqu’on le leur rabâche à longueur de temps. Que dire des thèmes qui les préoccupent au point haut point, comme le pouvoir d’achat, le chômage ou encore la protection sociale. Comment savoir ce qui agit sur ces éléments ? Quand un socialiste évoque la possibilité d’une relance par la consommation, que veut-il dire ? Pourquoi à l’inverse, le gouvernement ne s’engage pas dans cette voie et préfère privilégier l’investissement ? Que doit-on entendre par un retour possible aux pratiques protectionnistes ? Les questions sont si nombreuses et les réponses souvent si obscures que beaucoup décident de lever le pied et de ne pas insister. Dommage ! Le sondage démontre que les français souhaitent qu’on leur parle avec des mots simples, qu’on fasse preuve à leur égard de plus de pédagogie. Les médias en particulier. Alors pourquoi ne pas envisager dans ce contexte des mesures du type :

- Apprendre aux jeunes lycéens, non pas uniquement les principes de l’économie, mais le débat, la réflexion. L’analyse à partir de faits et de données. Cela se perd et nous voyons le résultat ;
- Mettre en place des sessions de cours sur le thème de l’initiation aux principes de l’économie, de la finance, de la sociologie et de l’entreprise pour les salariés en activité. Elles seraient dispensées gratuitement en entreprise par des professeurs des collèges et des lycées et seraient obligatoires. Une sorte de formation continue qui donnerait lieu à un passeport de bon citoyen ...

Tout ce qui est obligatoire est en général rejeté. Pourtant à bien y réfléchir, cela serait un moyen infaillible de s’assurer que nous avons une plus juste compréhension des mécanismes essentiels, que nous comprenons mieux les actes de nos gouvernants et des dirigeants d’entreprises et que nous ne sommes pas là au fond à subir les lois imposées par certains dans l’ignorance quasi générale. L’ignorance ou la résignation ? Il est vrai que l’Europe était censée apporter la stabilisation et le bonheur de tous. La crise est venue effriter les édifices pétris de certitudes.

Il est temps de relever les manches et de s’attaquer à ce problème passionnant de la diffusion d’une véritable culture économique !

17 mai 2009

La France fait de la résistance !


Il semble bien que la France résiste mieux que le reste du monde face à la crise qui sévit actuellement. Le très libéral journal économique britannique « The Economist » vient en effet de titrer « Europe’s new pecking order », ce qui a de quoi surprendre, lorsque l’on sait avec quelle vigueur le modèle français y a toujours été vilipendé. Pourtant tels sont les faits. Et la couverture est plutôt drôle. On y voit en effet un Nicolas Sarkozy, triomphant, sur la première marche d’un podium virtuel, observant goguenard la chancelière allemande pétrifiée et le premier ministre anglais Gordon Brown se noyer …
Est-ce la revanche du modèle social à la française empreint de Colbertisme ? Il faut se méfier des conclusions hâtives, mais il est vrai que le rôle joué par l’Etat dans l’économie nationale, que le nombre significatif de fonctionnaires en proportion de la population active et que les systèmes de protection en place constituent autant de boucliers ou de remparts dont ne disposent pas la plupart des autres nations. Il est également vrai qu’en cas de reprise, la France aura vraisemblablement plus de mal à (re)décoller. Le système français est un amortisseur mais pas une catapulte ! Peut-être. Mais gageons que nous n’avons pas fini de surprendre le monde … les français ne sont jamais aussi efficaces que lorsque la difficulté est là.
C’est un peu au fond comme en bourse où certaines valeurs disposent d’un « beta » inférieur à d’autres. Celles qui disposent d’un « beta » inférieur à 1 résistent généralement mieux aux aléas boursiers et à la conjoncture maussade que celles qui en ont un au dessus de l’unité. Inversement, en période de boom économique ou de forte croissance boursière, c’est exactement le contraire qui se produit. On ne peut pas tout avoir ! La protection en cas de baisse, la maximisation des gains en cas de hausse … Ce serait trop facile. Disons qu’en poursuivant ce parallèle, si nous pouvions évaluer les nations à l’aide d’une grille analogue, la France aurait certainement un « beta » de 0,54, l’Allemagne serait plutôt à 0,9, l’Angleterre à 1,3 et les Etats-Unis à 1,8 …
Il n’y a pas beaucoup de français qui viendront s’en plaindre. Il faudrait juste qu’ils aient un peu de mémoire dans quelques temps …

07 mai 2009

La théorie de l’avantage comparatif

Économie : une source d’inspiration
David Ricardo
Nous précisions dans un billet semaine passée que les théories du management prenaient leurs sources — du moins en partie — dans les concepts de la pensée économique, toutes tendances confondues. Nous abordons ci-après celui qui est au centre de la théorie traditionnelle du commerce international, à savoir l’avantage comparatif. C’est à l‘économiste David Ricardo (1) que nous devons les premiers développements significatifs sur cette notion au chapitre VII de l’ouvrage publié en 1817 “Principes de l’économie politique et de l’impôt”. Il démontre que tous les pays — même les moins performants — ont intérêt à se spécialiser dans la production où ils détiennent un avantage relatif le plus important (il développe en particulier l’exemple devenu célèbre de la production et des échanges de vins et de draps entre l’Angleterre et le Portugal). Il aboutit à la conclusion que la spécialisation fondée sur les avantages comparatifs des nations se traduit au final par une augmentation simultanée de la production de tous les biens. C’est du gagnant-gagnant pour tout le monde. En d’autres termes, par ce biais, la richesse des nations impliquées augmente. Cette théorie — vieille de deux siècles — est toujours valide. L’OMC (Organisation Mondiale du Commerce) continue du reste d’en faire son crédo. Et c’est là que nous faisons notre premier parallèle avec les théories modernes du management. Lorsque Michael Porter (2) — et d’autres ensuite — développe la notion d’avantage compétitif (ou d’avantage concurrentiel), ne s’inspire-t-il pas du travail de Ricardo ? C’est très probable. En mettant en exergue un modèle permettant à une organisation donnée de surpasser la concurrence (les 5 forces de Porter par exemple), nous sommes indiscutablement sur des notions très voisines.

(1) David Ricardo est un économiste anglais né en 1772. IL devient l’un des membres les plus influents de l’école classique avec Adam Smith et Thomas Malthus. A sa mort en 1823, il laisse une œuvre considérable dont des traités sur la théorie de la valeur. Il s’oppose à toute forme de protectionnisme.
(2) Michael Porter, né en 1947, est professeur de stratégie d’entreprise à l’université de Harvard. Il a écrit de très nombreux ouvrages, devenus pour la plupart des références, comme l’avantage concurrentiel.

03 mai 2009

Les théories du management puisent leurs sources dans les fondements de la pensée économique

Économie : une source d’inspiration
Il existe une tendance pour certains à dépeindre les théories économiques comme étant fondamentalement déconnectées de la réalité des affaires. Rien n’est pourtant plus faux. La plupart des problématiques qui se posent aujourd’hui aux dirigeants d’entreprises (microéconomie) ou aux chefs d’Etats (macroéconomie) ont été décrites par les grands théoriciens de la pensée économique. Les analyses d’Adam Smith, de Ricardo ou de Jean-Baptiste Say — pourtant anciennes — s’avèrent être toujours d’actualité.
Le côté hermétique des travaux des économistes d’après-guerre pour l’individu lambda vient de cette propension — qui confine parfois à l’acharnement — à vouloir faire de l’économie ce qu’elle n’est pas : une science ! En utilisant systématiquement l’arsenal mathématique, les économistes ont rendu leurs propos abscons pour le citoyen qui n’a pas le désir de replonger dans ces cours de math de prépa ! Raté pour ceux qui ne disposent d’aucune culture scientifique et qui souhaitent juste comprendre les concepts économiques et financiers de base … Une fois le livre d’un Allais, Debreu ou Solow (tous prix Nobel) ouvert, le néophyte n’a qu’une hâte … le refermer ! Il est pourtant indéniable qu’ils fournissent au monde de l’entreprise et à la société plus généralement des vues et des explications pertinentes, tirées de travaux empiriques éprouvés.
Il est d’ailleurs intéressant de constater que la plupart des théoriciens modernes de la stratégie et du management s’inspirent — et continuent de le faire — des recherches de leurs aînés.