25 septembre 2011

L'après 11 Septembre ...

L'après 11 Septembre vu du cinéma
Les attentats du 11 Septembre ont indéniablement changé la physionomie du monde. Et ce à tout point de vue. Certains y voient le début du déclin américain. Je ne le crois pas. D'abord, parce que les USA, certes plus concurrencés, restent une grande puissance, la première, et continuent d'orienter la planète dans de nombreux domaines. Je ne suis pas certain qu'il faille parler de la fin de l'empire américain, mais qu'il s'agit plutôt de l'émergence de nouvelles puissances, des pays qui n'existaient pas ou peu il y a encore deux ou trois décennies. Les BRICs par exemple. Il s'agit d'un sigle regroupant le Brésil, la Russie, l'Inde et la Chine. Mais il faudra également compter avec certains pays d'Asie, comme le Vietnam et un jour prochain sur le continent ... africain, que certains ont eu tôt fait d'enterrer. 
Mais si le 11 Septembre n'est pas totalement responsable de la situation des USA d'aujourd'hui, il n'a rien arrangé bien sûr. Depuis, les américains ont dû faire face à la guerre d'Irak, à l'Afghanistan et à de multiples conflits ci et là. Les US n'ont plus les moyens d'antan et les attentats leur ont enseigné qu'ils n'étaient pas sans limite et qu'ils étaient vulnérables. Comme tout le monde. La crise actuelle leur a fait mettre genou à terre. Un seul. Mais c'est quasiment la première fois. La faillite de Lehman Brothers aura marqué les esprits, symbole de leur toute puissance. Non l'Amérique n'est décidément plus invulnérable. Elle peut trembler et tomber. La crise de l'immobilier, l'augmentation du chômage et la récession qui pointe son nez nous rappellent que le modèle capitaliste est là-bas fondé sur la dynamique des marchés. Les "mortgages", système "d'hypothèque" américain, consistent à garantir les prêts sur les biens. Jusqu'ici assez similaire au système français. Mais le citoyen américain peut alors emprunter la valeur de sa maison, ou presque, pour faire d'autres achats, ou surtout pour placer en bourse. Comme les fonds de retraite sont eux-même indexés sur la bourse, on commence à deviner le problème. Quand les marchés vont, c'est l'opulence, on vit comme un roi, avec maison au nord de Manhattan, appartement en Floride, quatre voitures et vacances au Bahamas. Mais quand le marché plonge, tout s'effondre, retraites et patrimoines. C'est un peu caricatural, je veux bien l'admettre, mais c'est très proche de la réalité. Ainsi, des citoyens qui ont durement travaillé toute leur vie, se retrouvent sans maison, sans retraite et sont à 70 ans ou plus obligés d'aller travailler pour vivre, ou survivre ! 
Le 11 Septembre n'aura été qu'un déclencheur. Un accélérateur en ce sens qu'il a engendré des dépenses, des milliards de dollars pour l'Amérique, qu'il faut tôt ou tard rembourser. Mais les difficultés ont été accumulées tout au long de ces trois ou quatre dernières décennies. En trébuchant, les USA entrainent l'Europe et le monde, car même si les BRICs et l'Asie résistent, qu'en serait-il si certains états européens venaient à s'effondrer et si le système bancaire venait à réellement plonger ? 
L'Amérique se remet de ses blessures. Il faut prendre conscience que la couverture médiatique de la capture et la mort de Ben Laden a été dix ou vingt fois moins importante que celle d'un fait divers, comme l'affaire DSK par exemple ! Je m'en suis également remis avec le temps. Même si je suis convaincu que le 11 Septembre aura été un véritable détonateur de conscience. Son incidence sur notre façon d'être, notre façon de pensée et nos valeurs n'aura pas été neutre. Lorsque les historiens se pencheront sur l'impact de cet événement tragique, avec le recul nécessaire, on prendra certainement conscience de son ampleur et de ces répercussions. 
Nous sommes aujourd'hui parvenus sur terre à un stade de maturité jamais atteint, nous sommes tous persuadés qu'une guerre mondiale est impossible, que les dégâts seraient tels qu'il n'y aurait peut-être plus de monde, que nous avons dépassé depuis longtemps le stade de "je vais te montrer que je suis plus fort que toi" ou "ce que je veux je vais le prendre par la force". Pourtant, jamais la planète n'a semblé aussi fragile. Chocs écologiques à venir, fragilité des états, et pas uniquement sur un plan économique mais aussi sur les valeurs, révolutions un peu partout (le monde arabe dernièrement), des raz-le-bol qui se multiplient partout (on accepte plus les inégalités qui se multiplient partout), tout cela met nos dirigeants face à leurs responsabilités : redessiner un nouvel ordre mondial, un environnement politique, économique et social, fondé sur des principes inaliénables, novateurs et porteurs d'espoir. On en est un peu loin en ce moment !  

17 septembre 2011

Les jours suivants ...

Rudy Giuliani à Manhattan
avec le président Georges W. Bush
Les jours suivants les attentats du 11 Septembre furent difficiles. Nous venions de prendre conscience que la plus grande puissance mondiale n'était pas hors d'atteinte. Nous venions de prendre conscience que les hommes peuvent commettre des actes horribles lorsqu'ils sont aveuglés ou fanatisés. Rien ne peut et ne pourra jamais justifier l'assassinat de milliers d'innocents. Des femmes et des hommes, souvent dans la force de l'âge, ont laissé leur vie ce jour là, ce 11 Septembre, jour devenu si tristement célèbre depuis. J'avais dans mes équipes à cette époque là des collègues qui ont perdu un proche, un ami, un parent, ... un fils ou une fille. Que peut-il y avoir de plus douloureux pour un père ou une mère ? Tous les jours à se demander comment ils ont vécu leurs derniers instants. Ont-ils vu venir cette fin horrible ? Ont-ils eu peur ? Ces pères, ces mères, meurtris dans leur âme, auraient alors tout donné pour être dans l'une des tours, à la place de l'être aimé. Mais ce n'est pas possible; Il faut alors vivre avec. Et je dois dire que j'ai admiré la réaction des américains et des américaines dans ces instants tragiques, exceptionnels, incompréhensibles. Après le KO technique des premiers jours, ils ont vite relevé la tête. Par fierté, ils ont planté des drapeaux américains dans leur jardin, en ont mis sur leur pas de porte de maison, sur leur voiture, etc. Nous avons fait la même chose. Après ce 11 Septembre, comme le titre du journal Le Monde de l'époque, nous nous sommes tous sentis américains. Je me suis senti meurtri, j'étais américain. Du moins, je me suis senti très proche d'eux. Proche de nos voisins, de nos relations au travail, de nos amis. On osait plus demander à ceux que nous croisions s'ils avaient perdu quelqu'un dans ces ignominies. Cela n'était pas nécessaire, tout se voyait dans leurs yeux. 
La presse a joué un rôle considérable. Elle a bien fait son travail, des hommes et des femmes ont marqué les esprits. Rudy Giuliani  par exemple, le maire de New York au moment des attentats. Nous avons dès lors vécu à l'heure américaine. Nous cherchions à évaluer les risques pour nos enfants. Je me souviens m'être demandé avec ma femme s'il ne fallait pas rentrer. Pour protéger nos enfants contre d'autres fous qui pourraient commettre de nouvelles abominations. Surtout lorsque l'affaire de l'anthrax (ou maladie du charbon) est sortie. Lorsqu'on se met à ouvrir son courrier avec des gants en latex, on se dit que quelque chose ne tourne pas rond. Mais la réaction des américains et des américaines fut si grandiose, si héroïque, que nous avons voulu rester et à notre façon nous battre à leurs côtés. Une forme de solidarité au quotidien en somme.
Le président Georges W. Bush, si décrié lors que de son avénement à la tête de la première puissance mondiale, puis plus tard lors du déclenchement de la guerre en Irak, a magnifiquement géré cette période troublée. Il s'est érigé en chef d'état, en chef de guerre. Il le fallait. Je me souviens de son fameux discours devant le congrès le 20 Septembre 2001. Nous étions devant nos postes, nous écoutions chaque mot. Il a été magistral. Je me souviens que nous avions une larme à l'oeil lorsqu'il évoqua les morts, lorsque le congrès a rendu hommage à cette femme, présente dans l'assemblée, qui venait de perdre son époux dans l'avion qui devait tomber en Pennsylvanie, après que les passagers eurent défiés et empêchés les terroristes d'arriver à leur fin (voir mon précédent billet). Il est des moments que l'on ne peut oublier. En cliquant sur le titre, vous pouvez accéder à la vidéo de l'INA. Ci-dessous une autre vidéo:



Je ne veux pas que mes propos soient mal interprétés. Je ne m'érige pas en défenseur de l'Amérique. Je ne trouve pas que les Etats-Unis constituent un modèle. Mais je m'insurge contre la barbarie, contre l'injustice, contre la mort d'innocents. Je veux aussi avoir une pensée pour mes amis, ceux qui ont perdu quelqu'un, et qui sont meurtris à jamais.

11 septembre 2011

Je me souviens de chaque instant ...

Ma première journée. Je venais de quitter ma maison qui se trouvait à Larchmont (Westchester, Etat de New York), à 20 miles environ de Manhattan. Nous étions privilégiés. Comme de nombreux détachés, nous vivions confortablement, en bordure d'estuaire, une vue imprenable sur Long Island Sound, au milieu d'une importante communauté française. Je roulais dans ma Sebring cabriolet, heureux de retrouver mon équipe. Je dirigeais à l'époque une entité de près de 1700 personnes réparties dans les trois géographies du monde. Comme tous les jours, à 15 minutes du bureau, qui se trouvait au Nord de Larchmont, j'appelais mon assistante. Je la trouvais affolée, balbutiante. A dire vrai je n'ai rien compris. J'ai raccroché et j'ai accéléré. Je pensais qu'une réorganisation avait été annoncée ou quelque chose dans le genre. Le changement stresse toujours les gens. Mais j'ai vite compris que l'affaire était bien plus grave lorsqu'en arrivant j'ai vu les images du premier avion rentrant dans la première tour du World Trade Center. Quel choc ! Je comprenais alors la réaction de ma secrétaire qui elle avait vécu la scène quasiment en direct. Choc certes, mais à ce stade, on pensait encore qu'il s'agissait d'un accident. Qu'un avion était passé au travers des mailles du filet et que le pilote avait perdu le contrôle ou quelque chose dans le genre. Mais mon intuition, sur laquelle je peux généralement compter, me disait que les choses n'étaient peut-être pas aussi simples que ça. J'ai eu la bonne idée d'appeler ma femme qui se trouvait à l'école de Larchmont avec les enfants pour la réunion de rentrée. Sans trop savoir pourquoi je lui ai demandé de rentrer tout de suite à la maison et d'y rester en attendant mon retour. Après avoir raccroché, comme tout le monde, les communications ne passaient plus. Deuxième avion dans la seconde tour. Angoisse. Les tours qui s'effondrent, l'une après l'autre. Cauchemar. Je regardais l'écran, stupéfait, assommé, les larmes aux yeux comme tout le monde autour de moi. Plus de doute, cette fois, c'était un acte terroriste. D'une ignominie absolue. Un troisième avion qui s'abat sur le Pentagone. Tout un symbole. Et le courage des passagers du quatrième, on le saura plus tard, qui ont lutté contre les terroristes pour l'empêcher de s'abattre sur la Maison Blanche. Autour de moi, on essayait de joindre un proche. Tout le monde pleurait. Mais personne ne paniquait vraiment. Les américains ont cette capacité à faire face aux événements, il faut bien l'admettre. Mais le choc était terrible. Déjà on imaginait les salariés, prisonniers de cet enfer, certains se sont jetés dans le vide, il faut en prendre conscience, d'autres ont passé des appels d'au-revoir ! D'adieu en fait ! Qu'ont-ils éprouvé ? Qu'ont-ils pensé ? Ont-ils su qu'ils allaient mourir ? On s'est tous serré. On s'est tous pris par la main. On était comme sonné. Y-avait-il d'autres avions ? D'autres actions terroristes en cours ? Etions nous en guerre ? La fin d'un monde dominé par la glorieuse Amériques
Georges Bush apprenant l'attaque.
Je me souviens de son regard.
Saisissant et dramatique ! 
J'ai quitté avec peine les bureaux et je suis rentré retrouvé ma famille. Ils étaient devant la télévision. Mes enfants étaient encore petits, 7 et 10 ans. Ils voyaient bien qu'il venait de se passer quelque chose de très grave mais c'était à peu près tout. C'était mieux ainsi bien sûr. On a regardé les informations toute la nuit avec ma femme. On était scotché à l'écran. On ne pouvait pas s'en détacher. Les semaines allaient marquer ma vie, celles des américains, des citoyens du monde et de l'humanité dans sa globalité. Mon prochain billet décrira la façon dont j'ai vécu les semaines suivantes, avant d'en écrire un troisième sur les répercussions du 11 Septembre. 

04 septembre 2011

Chronique de rentrée (mois d'Août 2011)

Dessin de Frep
Voir blog "Crayon de nuit"
Nous sommes tous de retour ou presque et l'actualité fut dense cet été. L'Europe n'a jamais été aussi fragilisée. La Grèce peine à convaincre les investisseurs internationaux, les Etats partenaires et les institutions internationales. La situation est d'autant plus fragile que l'on sent bien que d'autres pays européens sont en limite de rupture. On le savait pour le Portugal et l'Irlande, mais l'Espagne, l'Italie ne sont pas loin d'un point de rupture. De quoi nous mettre en alerte, de quoi faire couler beaucoup d'encre, remettre en cause l'avenir de l'euro. Christine Lagarde s'est vu fustigée pour ses déclarations relatives aux banques européennes. Elle a simplement affirmé que les banques européennes devraient renforcer leurs capitaux. A-t-elle raison ou tort ? En tout cas, la majorité des commentaires allaient dans le sens d'un non sens, qu'elle était déjà à la solde des Etats-Unis. Il est vrai que les USA se débattent dans une crise sans fin et une récession naissante. Les dirigeants américains ont un intérêt évident à faire douter les investisseurs de la solidité des banques européennes. Ils ne mentent pas, ils mettent juste en avant ce que nous savons tous au fond. En cas de nouvelle chute des marchés, en cas de crise des liquidités, les banques auront du mal à suivre. Certains avancent que le problème n'est pas de recapitaliser mais d'assurer une bonne liquidité. D'autres prétendent que Christine Lagarde visait uniquement les banques qui n'avaient pas passé les "stress tests" de juillet. En bon économiste, je pense que les banques doivent maintenir un niveau de liquidité adéquat, sans cela c'est leur activité même de crédit qui sera en premier lieu affectée, mais qu'elles ont également la nécessité de renforcer leur niveau en capital pour faire face aux attentes du marché concernant les ratios de dettes sur capitaux solides. Je pense que Christine Lagarde n'a pas tort. Il n'y a pas de raison de s'alarmer outre-mesure, nos banques sont solides, mais en cas de nouveau tsunami, qui peut prédire le futur. D'autant que les états ne disposeraient plus des mêmes marges de manoeuvre qu'en 2008. Aujourd'hui les gouvernements, France en tête, court après des milliards de dollars, pour réduire cette dette globale qui commence à nous prendre à la gorge. Il faut être attentif au moindre détail. Un ami dirigeant me disait récemment que le monde ressemblait à une cocotte minute prête à exploser ! Un peu exagéré direz-vous. Sans doute, mais cela chauffe quand même. D'autant qu'à la tourmente économique et financière s'ajoutent la révolution des peuples arabes un peu partout, la recherche de démocratie est toujours une bonne chose, et des manifestations sociales, celles d'hommes et de femmes qui ne parviennent plus à se frayer un chemin dans le monde actuel. Dernier pays en date à connaître ce type de situation, Israël, qui signe des temps, n'y était pas habitué. On parle un peu partout de taxer davantage, des patrons revendiquent leur désir de payer plus, on parle de ponctionner plus d'argent sur les plus value des capitaux, mais attention il y a un revers à cela. Si tous les pays ne mènent pas ce mouvement de concert, on risque d'assister à des départs massifs de cadres dirigeants et/ou d'entrepreneurs, et là nous aurons perdu beaucoup plus. Je ne suis pas contre une augmentation des impôts, surtout pour les plus aisés, mais le niveau de taxation est déjà très élevé en France. J'ai quelques convictions: le capital mérite rémunération car ce sont les entrepreneurs qui prennent des risques, parfois énormes, souvent sans richesse spécifique au démarrage de leur entreprise. De nombreuses affaires, prospères aujourd'hui, ont débuté sur la volonté d'un homme ou d'une femme, qui a eu le courage de se mettre en danger. Ils assurent la croissance de l'économie française et créent une dynamique de l'emploi. Ce n'est pas rien. Sans eux, cela deviendrait très difficile. Une nation, fut-elle aussi grande que la France, a besoin de ces créateurs. Ce ne sont pas des spéculateurs, ils ne faut pas confondre, ce sont des leaders qui ont des idées et du courage. Alors protégeons cela, c'est une pépite pour nous tous. Et n'oublions pas aussi que peu d'entre nous ont ce talent en eux. Je pense qu'il est aussi normal qu'il y ait des graduations importantes dans les grilles de salaires au sein des entreprises de toute taille. Un PDG du CAC 40 par exemple a une responsabilité énorme sur ses épaules. Cela doit être payé. Je crois à l'inverse qu'il faut raison garder et que nous devrions réguler les salaires, certainement les plafonner par niveau. Je ne sais pas comment, mais c'est ce qu'il faudrait faire. On a abusé et aujourd'hui il ne devrait pas y avoir de tels multiples entre le président et le plus bas échelon d'une société donnée. On pourrait alors redistribuer un peu mieux le produit du travail et éviter les injustices sociales souvent criantes du moment. Je vous retrouve semaine prochaine pour une réflexion sur le dirigeant.